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D Le Filous - ce qu'ils en disent

D Le Filous - ce qu'ils en disent
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18 juin 2013

Dans un prémier temps il y a les Chiens. Ils

 

Dans un prémier temps il y a les Chiens.
Ils sont partout, en meute, blanc sur blanc, aériens, ou émergeants, solitaires et hagards, d’un champs de cocquelicots.
Ils cherchent.
Les hommes apparaîtront dans certaines circonstances, quand il ne fait ni tout à fait som- bre, ni tout à fait clair. Au début les mariés ne sauront pas qu’ils sont mariés. Ils penseront qu’ils possèdent toujours leurs corps, mais c’est juste une illusion.
Le thème du mariage offre une approche progressive des visages et des silhouettes qui ont nourris l’inspiration de Dominique Le Filous. Des villageois vêtus de noir, mais se ne sont pas des funérailles. Eclatent les blancs de la robe et les coiffes amidonnées.
Au coeur de l’oeuvre donc, la Bretagne dans son apreté, avec, en hors champ, la mer qui fait des veuves.

Dominique explore notre mémoire enfouie, il en ressort des pièces éclatées qui tiennent, pour certaines du compte-rendu documentaire, pour d’autre du conte cruel.
Cependant la matière travaillée : peintures et collage, cheveux et poils, apporte ça et là un humour inattendu.

Se profile ainsi une oeuvre de résistance, à la fois poétique et rèveuse, aléatoire et cons- truite.
Jacqueline Painchault mai 2010. 

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18 juin 2013

DE QUOI LE TABLEAU EST IL LE NOM ?

Comment se donne le nom d’un tableau ? Chez les artistes, souvent, les mots sur la matière et la couleur oscillent entre un supplément de sens et l’approfondissement d’une énigme. Avec d’autres peintres dont elle est proche par la manière et le sentiment, tels Paul Reyberolle et Francis Bacon, Dominique Le Filous, selon son humeur et son inspiration, nomme ses toiles ou les numérote. Elle passe, comme sa peinture, du descriptif à l’abstrait, du dévoilement à l’immatriculation. Ainsi va l’œuvre, comme voguaient — et voguent toujours — les galères, sur les mers de Bretagne et d’ailleurs. Organisées en séries ou en figures isolées, figuratives, réalistes ou tendant vers l’abstraction, les œuvres se reconnaissent et se connaissent aussi par leur appellation.

Y aurait-il, chez Dominique Le Filous, quelque chose que diraient ses mots, que ses couleurs et ses formes ne laisseraient filtrer que parcimonieusement ?

Une trilogie de signifiants peut-être.

L’autodérision, d’abord et avant tout, façon pudique d’être modeste et de douter, qualité ou défaut, indissociable de toute création, indispensable peut-être, sinon confortable. Évidente dans les autoportraits comme dans les portraits, ceux des Mariés tout particulièrement, elle s’affiche dans les noms des séries ou des œuvres. Que celle ou celui qui regarde en choisisse le sens, double ou premier à sa convenance. Une rage, les glissements violets de Juste avant la poubelle ? Une impuissance, la subtile palette de Entre les barbouillages ? Lucidité, conjuration d’un mauvais sort, peur de la stérilité, l’intitulé de la série Les Croûtes ? Q’on la consomme, cette toute neuve Peinture fraîche et ces plus anciens Pâtés. Pour ne plus en parler, ingérés après avoir été désignés ? Autodérision, encore, toujours, puissance créatrice.

Le désespoir guette. Une manière d’absence d’espérance, de celle qui n’empêche ni de vivre, ni de créer, qui étreint toujours,qui fige et paralyse souvent, qui aide parfois. Et le voilà qui se transforme en éclair de bonheur. Il assombrit les couleurs, puis d’un coup jaillit dans un éclat plus vif. Toujours là, ici et maintenant, il tord les traits, zèbre les abstraits, rappelle la vie dure et les sentiments infernaux. Constater au fil des jours la trivialité de la réalité et la transformer en Bruit de la mer ou en Vent du Sud. Sur les toiles qui accueillent, avec la couleur, la matière d’ingrédients du plus simple quotidien—poils de chien, cendres, papier de vieux journaux mâché, colles —, le nom des lieux bretons, Beg douar et autres Toul ar wag, apaisent en racontant l’enfance. Qu’importe qu’elle ne soit pas le paradis perdu, l’enfance reste l’enfance. Le désespoir, peut-être, mais à condition qu’il soit guilleret.

Et puis le sexe qui n’a peur ni de s’afficher ni de s’exhiber, animal ou anthropomorphe, selon le temps et l’inspiration. Les deux ensemble, c’est une possibilité, souhaitable même, disent tranquillement Rinbaud et son chien, tous les deux aussi bien membrés. Devinez qui est l’homme, qui est le chien ? Qui sourit à qui, qui garde et promène l’autre ? On saura juste qu’ils sont Sur la route 1, comme sont Sur la route II le couple San Clemente, mâle et femelle, chien et femme. Quant à l’énigmatique série des Mariés, elle nous donnera des prénoms — Valérie, Thérèse, Odette et Dédé —, des lieux, Mariage en Trégor, une esquisse d’histoire qu’on suppose compliquée avec Les mariés moldaves de 1942. Elle ne racontera rien d’autre, mise à part l’idée d’une sexualité en attente, socialisée et ritualisée.

Critique sans doute, nostalgie peut-être, une certaine tendresse, assurément : de tout cela le tableau est-il le nom ?

Danièle Voldman Pour Peintures fraîches 6 avril 2011 

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